Dans une ambiance oscillant entre le cabaret, le théâtre et la performance multimédia, Dulcinée jette un regard critique, sensible et plein d’humour, sur le parcours de l’humanité, par le biais de son homonyme Dulcinée de Toboso, la muse de Don Quichotte et “l’héroïne absente” du roman de Cervantès Pas besoin d’avoir lu le livre pour savoir qui est Dulcinée. La question est plutôt: existe-t-elle? Sommeille-t-elle quelque part en chacun de nous?
Les rôles sont ici inversés. Don Quichotte devient la muse de Dulcinée. L’esprit du chevalier errant veille depuis les coulisses alors que notre demoiselle en détresse essaie de se secourir elle-même d’une histoire tumultueuse. Comment peut-elle porter sa flamme ?
Par ses réflexions souvent osées, accompagnée d’un chœur «d’honorables collègues» (son équipe technique), Dulcinée entraîne le spectateur le long de la route de la soie, regardant à travers un miroir où le présent s’entremêle avec le passé, tout comme la danse avec le théâtre, les mots avec l’imaginaire… et Don Quichotte avec Dulcinée.
«Les éléments visuels et sonores attrayants se marient avec un texte dynamique et comique pour transmettre de manière divertissante des questions faisant appel au plus profond de l'âme humaine: d'où venons-nous, de quoi sommes-nous faits et pourquoi sommes-nous capables autant du bien que du mal. Et dans sa quête des solutions aux injustices - comme la guerre - l'oeuvre de Langfelder est très "Cervantine".
Génial! Un texte et une présence sur scène formidable qui donnent lieu à une pièce à la fois comique et songée sur la muse de Don Quichotte. Comédie, multimédias, théâtre, marionnette et danse s’unissent admirablement dans ce chef d’œuvre multidisciplinaire [...] Il s’agit d’une œuvre vraiment accessible.
Dulcinée Langfelder évolue sur la scène comme le font les danseurs et les mimes. La palette de son jeu est vaste. [...] les scènes s’enchaînent sans fléchir et donnent à penser au public qu’il assiste à une heureuse collision d’une oeuvre épique et d’une bande dessinée, l’humour se déclinant ici de nombreuses façons. La démarche de Dulcinée Langfelder intègre de plus le chant et la vidéo […] L’humour de l’artiste, New Yorkaise de naissance, rappelle, par ses nombreux retournements, l’approche d’un Woody Allen.
Mes intentions sont quelque peu « quichottesques » et je vous demande de ne pas rire de moi mais avec moi. J’ai voulu incarner Dulcinée de Toboso parce que nous partageons le même prénom. C’est pourquoi j’ai lu Don Quichotte il y a bien longtemps, et même si j’ai été déçue par le manque de développement du personnage, j’ai été renversée par le génie intemporel de cette œuvre.
Je crois que Dulcinée, emblème de l’âge de la chevalerie et de l’amour courtois, occupe une position stratégique dans l’Histoire. Elle vient d’un temps où les femmes étaient mises sur des piédestaux – et aussi brûlées vives.
Elle représente un temps où Juifs et Arabes (unis dans un âge d’or culturel) se faisaient chasser de l’Espagne, la superpuissance de l’époque. 1492 était aussi l’année où l’on a «découvert» l’Amérique. Dans cette pièce, je vous invite à adopter le point de vue de ceux, et surtout de celles, qui n’ont qu’à peine survécu à l’histoire écrite, qui n’ont pas façonné nos attitudes religieuses, et qui auraient pu, peut-être, influencer tout autrement le comportement humain.
Ai-je parlé d’attitudes religieuses? Je m’aventure en terrain glissant… J’ai demandé à ma mère comment faire pour traiter un tel sujet. Elle a réfléchi longuement puis m’a dit : «Il va falloir danser autour.» Merci, maman, c’est justement mon intention.
Conception et chorégraphie : Dulcinée Langfelder
Mise en scène et mentorat : Alice Ronfard
Marionettes et manipulation : Vincent Santes
Compositions et arrangements : Philippe Noireaut et Danys Levasseur
Vidéos : Yves Labelle
Scénographie : Ana Cappelluto
Lumière : Éric Gingras
Animations « Yin Yang » : Nathan Boey
Claymation : Dulcinée Langfelder
Sur scène:
Dulcinée Langfelder : Dulcinée Del Toboso/ Dulcy from Brooklyn
Danny Carbonneau : interprète, marionnettiste et technicien
Erik Lapierre : technicien de scène, accessoires, interprète
Danys Levasseur : son/vidéo technicien, guitariste, interprète
Vincent Santes : directeur technique, maître marionnettiste et interprète
Philippe Beaudoin : ingénieur de son et lumière (off stage)
Musique:
Benares Song : Kurt Weill et Bertolt Brecht
Orgullecida : Eliseo Silveira
La Rumba : Nino Rota
Low Down Man : Squirrel Nut Zippers
Speaking in Tongues 3 : Sheila Chandra
Strange Fruit : poem of Abel Meeropol, adapté par Billie Holiday et Sonny White
Dulcinea : Mitch Leigh et Joe Darion (traduit par Jacques Brel)