Un mois et demi de marathon à travers la France en février et mars derniers.
Bilan :- 1 200 spectateurs,
– 5 jours de stage au Théâtre du Mouvement, – 2 Délégations du Québecrencontrées,
– une trentaine d’articles parus surVictoria,
– 10 hôpitaux visités,
– et 10 livres prises par personne soit 60 au total.
Retrouvez ci-dessous le carnet de route qu’a tenu Julie, notre assistante à la direction de tournée. Une compilation d’anecdotes, de photos et de commentaires du public saisis sur le vif.
TOUR-BOOK
Haguenau, dimanche 2 février, 2014
Tout le monde se retrouve en Alsace. Dans les couloirs de l’hôtel ça se salue, se souhaite la bonne année. Les yeux sont à demi fermés et les esprits un peu ailleurs. On nous raconte à nous, les Françaises, les premières anecdotes des différences culturelles rencontrées. C’est avec le sourire que nous écoutons Vincent raconter que Dulcinée, Erik et Danny voulaient prendre le diner à 15 heures dans un restaurant. Nous savons bien, qu’en France, les restaurants n’ouvrent que de midi à 14 heures 🙂
Ce sont des petits ajustements… rien de grave.
TOUR-BOOK
Haguenau, dimanche 2 février, 2014
Tout le monde se retrouve en Alsace. Dans les couloirs de l’hôtel ça se salue, se souhaite la bonne année. Les yeux sont à demi fermés et les esprits un peu ailleurs. On nous raconte à nous, les Françaises, les premières anecdotes des différences culturelles rencontrées. C’est avec le sourire que nous écoutons Vincent raconter que Dulcinée, Erik et Danny voulaient prendre le diner à 15 heures dans un restaurant. Nous savons bien, qu’en France, les restaurants n’ouvrent que de midi à 14 heures 🙂
Ce sont des petits ajustements… rien de grave.
Lundi matin, l’équipe technique est déjà au théâtre depuis 8 heures. Les autres ont rendez-vous à 10 heures pour la conférence de presse. C’est Camille qui nous accueille, Dulcinée a une question qui la préoccupe. Doit-elle dire pendant la conférence que le décor n’est pas là? Que le cargo qui l’emmène est bloqué en mer? C’est tellement improbable que c’en est héroïque. Il faut le dire, sans rien cacher. Victoria est venue de loin se montrer même sans son bel habit.
La journaliste des Dernières Nouvelles d’Alsace oriente ses questions sur le sujet même de Victoria : la vieillesse. Dulcinée et Chloé débattent sur le terme à utiliser en France : devrions-nous dire que Victoria est sénile ou démente ? Les adjectifs n’ont pas la même connotation en France et au Québec, il va falloir repenser quelques mots… Ce sont des petits ajustements, rien de grave!
Dulcinée est soucieuse : sans décor le spectacle existe mais sans fauteuil roulant elle ne peut pas danser. Dès 14 heures, la chasse est ouverte, le but étant de trouver un fauteuil simple et facile à manipuler. C’est finalement une pharmacie qui la prête gracieusement. Il faut maintenant que la danseuse apprivoise son nouvel instrument. Elle le fait monter sur la scène où les techniciens sont occupés à poser les deux grands rideaux, qui remplacent les cinq qui constituent le décor habituellement. Elle le regarde, le manipule, prend place dedans, elle doute.
Au fil de la journée, le plateau prend forme. La porte de la régie se ferme. Victoria a besoin de lumière si elle ne veut pas être nue. C’est l’heure du filage. Victoria, le préposé et la chaise prennent leur place sur scène. Tous les moniteurs transmettent l’image. Il n’y a plus de bruits ni en dehors, ni en dedans du théâtre. Toute la journée des petits pas ont résonné sur le sol, une journée où il a fallu courir pour chercher ces petits ajustements… mais finalement… rien de grave.
Mardi 4 février 2014
Troisième et dernier jour à Haguenau. En traversant le marché alsacien on peut croiser du monde qui a acheté le journal des Dernières Nouvelles d’Alsace. Au milieu des pages qui évoquent une actualité politique morose se trouve l’article de presse, écrit par Céline Rousseau, intitulé “La vieillesse selon Victoria”. L’invitation est officiellement lancée : ce soir, le public alsacien a un rendez-vous.
Pour être prête, toute l’équipe se tient dans la salle, Dulcinée et Erik font des allers-retours sur la scène. Tous les centimètres du tapis sont foulés, la danseuse demande à la régie de faire des modifications, elle à une idée et va faire « de quoi ».
Vincent et Danny n’ont pas quitté la régie. C’est Chloé qui assure la régie plateau, bien cachée dans les loges, près des techniciens. Le théâtre est calme, sans un bruit, tout le monde est concentré. Victoria a rendez-vous ce soir, rendez-vous avec elle-même, avec son équipe et avec son public. Dans quelques petites heures, le théâtre ouvrira ses portes et retrouvera son agitation habituelle.
En attendant, Victoria va se mettre en beauté…
Dans la nuit du mardi 4 février au mercredi 5 février 2014
Une fois le spectacle terminé, c’est le moment de dire au revoir. journal de bord 3Les spectateurs sont restés pour discuter avec Dulcinée, ils sont très émus. Ils demandent qui est Victoria, à savoir si ce personnage a vraiment existé ou non. C’est sans fausse pudeur que Dulcinée parle de son père, de son expérience avec les hôpitaux, d’un monsieur appelé Victor. L’auditoire sourit entre plaisir et compassion, assis dans les fauteuils rouges du théâtre. L’ambiance est à l’échange, on oublierait presque le lieu, c’est comme un rendez-vous entre des amis qui ne se sont pas vus depuis longtemps et qui discutent en buvant un tasse de thé. Les techniciens ont quitté la régie pour aider au démontage. L’avantage d’un décor bloqué dans l’océan est qu’il n’est pas long à ranger.
Les techniciens ont quitté la régie pour aider au démontage. L’avantage d’un décor bloqué dans l’océan est qu’il n’est pas long à ranger.
Montélimar, 26 février 2014
Montélimar : le nom donne l’eau à la bouche, les douceurs, les petits plaisirs sucrés, l’air du Sud. L’équipe arrive sous un ciel gris. Même si nous trouvons dans la ville des palmiers, nous sommes fin février: il fait frète.
Nous faisons connaissance avec l’équipe du théâtre. Fréderic le directeur a envie de partager avec nous, de discuter et d’échanger. La ville est silencieuse, comme endormie, certainement l’air du sud… Victoria sera jouée à l’auditorium Michel Petrucciani, en plein cœur de la ville.
L’équipe technique s’affaire à installer le décor. L’océan a libéré de ses glaces le cargo, le spectacle sera joué avec ses rideaux et son fauteuil roulant. Il est temps d’aller à la rencontre du public. Une activité de médiation est organisée à la maison de retraite de la Manoudière. A 14 heures, le rendez-vous est donné à la maison de retraite. Aujourd’hui une rencontre est prévue avec Dulcinée Langfelder.
Une trentaine de pensionnaires sont présents, attentifs. Dulcinée prend la parole pour présenter Victoria, le spectacle qui sera joué le vendredi au théâtre de Montélimar. Une dame présente au premier rang répond à Dulcinée, échange avec elle. Après avoir diffusé la vidéo deVictoria, Dulcinée fait une démonstration de gigue québécoise, les patients suivent avec leurs pieds, entrainés par le mouvement. Les thèmes du spectacle sont abordés, lorsque Dulcinée évoque la relation entre les soignés et les soignants, l’audience approuve soulignant l’importance de cette présence quotidienne. Vient le moment de l’échange, l’animatrice demande aux patients d’exprimer leurs ressentis, une dame dit que Victoria est un spectacle courageux. ceci Dulcinée répond: « L’art doit faire du bien, doit être un massage de l’âme ».
L’échange devient plus informel lorsque l’équipe quitte la maison de retraite, les pensionnaires discutent autour d’un jus d’orange. Sans avoir vu le spectacle, tout le monde s’accorde pour dire que Dulcinée est pleine de vie, gaie et joyeuse. Le sujet du spectacle est « une belle leçon de vie car parfois on pourrait se laisser enfermer dans la tristesse de la réalité et abandonner ». A la fin de ce moment de rencontre et d’échanges, plusieurs pensionnaires veulent venir voir le spectacle, curieux de connaître Victoria, son histoire, son inspiration et retrouver « un peu de vie ».
Saint-Genis-Pouilly, mardi 4 mars 2014
Tout est propre, aligné. Rien ne dépasse. Les maisons sont toutes identiques, comme un décor en carton-pâte. Saint-Genis-Pouilly se situe à quelques minutes de la Suisse entre le Jura et le Mont Blanc. L’équipe est déjà en train de dormir lorsque avec Chloé nous arrivons à l’hôtel. Sous ses airs ordonnés, la ville fourmille de visiteurs pour le salon de l’auto de Genève. Les hôtels sont pleins. Pour la première nuit, nous dormons deux par deux dans les chambres, on ne va pas se plaindre. Comme dit le Monsieur de la réception : « Allez voir au Première classe comment c’est, ici c’est mieux ». Nous sommes fatiguées, il est temps de dormir.
Mercredi 5 mars 2014
L’équipe technique est arrivée au théâtre tôt le matin. Pour cette dernière date, la routine de montage reste la même. Tout se passe bien, un peu trop bien d’ailleurs. « Le théâtre est un lieu de superstition » dit Vincent, en souriant, qu’il attend de voir ce qui ne va pas aller. Nous sommes pourtant assez gâtés à Saint-Genis : il fait très beau, et nous avons été finalement déplacés dans un hôtel de haut standing. Tout le processus de montage semble bien aller.
Dulcinée a rendez-vous, en après-midi, pour une conférence organisée par le CLIC. Les conférences sont chaque fois différentes. Ici les personnes présentes sont majoritairement des femmes, entre 50 et 70 ans. Les cheveux ne sont pas blancs, les visages ne sont pas crispés. Après avoir regardé le DVD de présentation, le débat s’ouvre. Des dames ont déjà vu le spectacle au Festival d’Avignon en 2012, elles trouvent les mots pour en parler aux autres. Le souvenir les habite, elles en parlent avec passion et envie. Il faut voir Victoria,il faut vivre cette expérience. Une attention toute particulière est portée pour les femmes de la commune : la représentation de Victoria est gratuite pour elles.
Tout le monde rentre à l’hôtel, après un délicieux magret à la sauce figue et un buffet de dessert à volonté, il est temps d’aller se coucher.
Jeudi 6 mars 2014
Victoria est prête pour donner sa dernière représentation en France. La journée se déroule sereinement, sans fausse note. A 18 heures, toute l’équipe se réunit dans la cuisine. Tout est prêt et la question se pose : « Qu’allons nous faire pendant deux heures ? » Repos, ballade, concentration, préparation.
Victoria se montre sur scène, une dernière fois. Le public réagit toujours autant, entre rires et émotions. Le public français aime Victoria et sait le lui montrer. Les applaudissements retentissent dans la salle, il est temps de se dire au revoir.
Les passeports dans les sacs, les yeux à demi clos, un dernier bain de soleil avant de rentrer : un froid glacial attend l’équipe à Montréal. Aéroport de Genève, tous les passagers sont appelés à se présenter au comptoir d’embarquement, ne prenons pas le risque de rater l’avion…. 🙂
Bonne route à tout le monde, on enlève ses sandales et on remet les moon boots.
A bientôt ici ou ailleurs… il n’y a pas de hasard, que des rendez-vous (c’est Madame Julie qui vous le confirme.)